L’Acte de l'Amérique du Nord britannique

Chronologie

Avant 1981

Pendant près de 115 ans, la Constitution canadienne a consisté en une loi provenant du Parlement britannique (l’Acte de l'Amérique du Nord britannique, ou « l’Acte de l’ANB »), ce qui reflétait son passé colonial. Pour qu’elle devienne le fondement d’un pays vraiment indépendant, il a fallu franchir plusieurs étapes pendant lesquelles se sont affrontées des visions souvent discordantes sur la définition d’une nation et dont persistent encore des traces aujourd’hui.

Le processus a exigé de longues heures de négociations et des débats tendus entre politiciens et fonctionnaires de toutes les régions du pays. Les peuples autochtones, les femmes et les minorités ethniques, entre autres, ont dû insister pour se faire entendre et intensifier leur mouvement à mesure que le rapatriement approchait.

Le Canada en 1867

1700-1867

Avant la Constitution: Accords et traités

1700-1867


Avant la Constitution: Accords et traités


Les Européens s’établissent au Canada dès les années 1500 et trouvent un territoire où sont installés des peuples autochtones. Ces peuples ont leurs propres lois, leur religion et leur mode de vie. Les colonisateurs négocient des ententes et des traités avec eux pour former des alliances militaires et politiques, définir diverses relations et répartir les terres.

Les premiers traités sont conclus entre les Français et les peuples autochtones Terme générique désignant les premiers peuples de l’Amérique du Nord et leurs descendants qui inclut les Premières nations, les Inuits et les Métis. Voir aussi: Indigène. le long du Saint-Laurent et autour de la région des Grands Lacs. Parmi ceux-ci, on compte les traités de « Wampum à deux rangs » (1613) et la « Grande Paix de Montréal » (1701). Entre 1725 et 1761, les Britanniques concluent leurs premiers traités avec les Mi’kmaq et les Malécites dans les provinces maritimes.

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La ceinture Wampum à deux rangs, 1613

Entre 1760 et 1867, les Britanniques signent plusieurs traités sur une grande partie du territoire considéré aujourd'hui comme le Canada. Après la Confédération, des traités numérotés sont également négociés par le Canada dans les provinces des Prairies et dans l’Est des Rocheuses. Ces traités demeurent des documents constitutionnels aussi importants que contentieux.  

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L’Acte de l’Amérique du Nord britannique

1867

L'Acte de l'ANB

1867


L'Acte de l'ANB


L’Acte de l’Amérique du Nord britannique de 1867 réunit trois colonies britanniques pour former les quatre toutes premières provinces canadiennes: l’Ontario, le Québec, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick. Elles forment un dominion au sein de l'Empire britannique. L’Acte de l’ANB divise les pouvoirs entre le gouvernement fédéral nouvellement créé et les provinces. L’idée d’un gouvernement autochtone n’est aucunement prise en considération.

La Confédération est en grande partie un projet pragmatique qui vise le développement économique, la protection mutuelle et l’expansion vers l’Ouest. L’Acte de l’ANB a comme objectif d’éviter le radicalisme violent des révolutions démocratiques et républicaines qui ont secoué la France et les États-Unis. Les fondateurs préfèrent la modération, le respect envers l’autorité, ainsi que la stabilité que permet une monarchie constitutionnelle.

02_royal_proclamation_1763_LAC.jpg La Proclamation royale de 1763

Le statut des Autochtones

Les peuples autochtones Terme générique désignant les premiers peuples de l’Amérique du Nord et leurs descendants qui inclut les Premières nations, les Inuits et les Métis. Voir aussi: Indigène. ne sont pas consultés à propos de l’Acte de l’ANB. C’est plutôt le gouvernement fédéral qui se voit attribuer la responsabilité des  « Indiens » Terme utilisé historiquement pour désigner les premiers peuples de l’Amérique du Nord – Indigènes et Autochtones – mais il est considéré comme irrespectueux ou inexact. Néanmoins, il est toujours utilisé dans l’article 91(24) de la Constitution ainsi que dans la « Loi sur les Indiens ». et des « terres réservées aux Indiens », notamment pour refléter la promesse de la Proclamation royale de 1763 qui protège la propriété des peuples autochtones sur leurs terres.

Ensuite, grâce à une série de « Lois sur les Indiens », le gouvernement fédéral créa de nouvelles mesures spéciales (notamment des réserves, des conseils de bande et le statut officiel d’ « Indien » Terme utilisé historiquement pour désigner les premiers peuples de l’Amérique du Nord – Indigènes et Autochtones – mais il est considéré comme irrespectueux ou inexact. Néanmoins, il est toujours utilisé dans l’article 91(24) de la Constitution ainsi que dans la « Loi sur les Indiens ». ), mises en œuvre afin de mieux régir les peuples autochtones Terme générique désignant les premiers peuples de l’Amérique du Nord et leurs descendants qui inclut les Premières nations, les Inuits et les Métis. Voir aussi: Indigène. . Aucune mention d’un gouvernement autochtone Terme générique désignant les premiers peuples de l’Amérique du Nord et leurs descendants qui inclut les Premières nations, les Inuits et les Métis. Voir aussi: Indigène. n’est faite dans la Confédération.

Le fédéralisme canadien

Le perpétuel débat portant sur la répartition des pouvoirs au Canada entre le gouvernement fédéral et les provinces remonte aux origines de la création du pays. Ceux qui désirent un gouvernement central puissant le jugent nécessaire pour recueillir les sommes importantes requises pour construire des voies ferrées, des réseaux de communications et, s’il le faut, défendre le Canada contre les États-Unis. D’autres tiennent à prendre en considération les différences régionales – économiques, ethniques, religieuses et linguistiques – entre les colons Français regroupés principalement au Québec, les Anglais et les autres groupes ethniques, installés dans les autres provinces.        

Le fédéralisme Système de gouvernement composé à la fois d’un gouvernement central et d’un ensemble de gouvernements régionaux qui possèdent leurs propres pouvoirs distincts sans être subordonnés au gouvernement central. tente de reconnaître les deux points de vue: les provinces contrôlent les questions locales comme l’éducation et les hôpitaux, alors que le gouvernement fédéral est responsable des domaines d'importance nationale, tels que les transports. Mais cette répartition des pouvoirs ne satisfait pas tout le monde.   

Campagne de publicité canadienne destinée aux immigrants, 1893.

L’Acte de l’ANB

04_queen_victoria_135170_PUBLICDOMAINPICTURESNET.jpg Statue représentant la Reine Victoria

Une souveraineté incomplète

La Confédération ne fait pas du Canada un état souverain. L’Acte de l’ANB confirme le monarque britannique comme chef d’état du Canada et la Grande-Bretagne conserve son autorité sur les questions de politique étrangère et de défense. Le Comité judiciaire du Conseil privé, la plus haute cour d'appel, ne quitte pas Londres. Les Canadiens sont considérés comme de loyaux sujets de la Couronne. Afin de modifier sa Constitution, le Parlement canadien doit soumettre une résolution au Parlement britannique qui peut légalement refuser d’accorder le changement. Il n’est pas clair si ce changement nécessite le consentement des provinces ou non.

Il n’est pas clair si ce changement nécessite le consentement des provinces ou non.

L’expansion nationale 

Au fil des décennies, d’autres provinces et territoires se joignent aux quatre provinces originelles de la Confédération. 

Les provinces : 

  • le Manitoba et les Territoires du Nord-Ouest, 1870; 
  • la Colombie-Britannique, 1871; 
  • l’Île-du-Prince-Édouard, 1873; 
  • le Yukon, 1898; 
  • la Saskatchewan et l’Alberta (qui faisait auparavant partie des TNO), 1905; 
  • Terre-Neuve, 1949. 

Les territoires : 

  • les Territoires du Nord-Ouest, 1870 ; 
  • le Yukon, 1898 ; 
  • le Nunavut, 1999.
Le Red Ensign, ancien drapeau canadien, laisse sa place au drapeau à feuille d’érable, à Ottawa, le 15 février 1965.
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William Lyon Mackenzie King, 1944

1919-1960

À la recherche de l’indépendance

1919-1960


À la recherche de l’indépendance


“[Qui] prétendrait pendant un seul instant que ce pays est un pays souverain… alors que nous sommes tenus d’aller au Parlement britannique pour demander une modification à la Constitution ?” — William Lyon Mackenzie King, chef de l’opposition à la Chambre des communes, 1920

La signature du Traité de Versailles, qui met fin à la Première Guerre mondiale, par le Canada en 1919 marque le début d’une nouvelle ère. Le Canada d’alors est riche et sa population ainsi que son nationalisme ont progressé. Peu à peu, le Canada affirme son droit de signer des traités ainsi que de déclarer la guerre en son propre nom. Il demeure pourtant le seul pays au monde à devoir demander la permission d’un autre pays pour modifier sa propre Constitution. En 1920, Mackenzie King, le chef de l’opposition de l’époque, recommande qu’une formule d’amendement Règles servant à modifier la Constitution. La majorité des éléments de la Constitution exigent, pour pouvoir les amender, l’approbation du Sénat et de la Chambre des communes ainsi qu’au moins deux tiers des provinces représentant 50% de la population canadienne. soit mise en place, c’est à dire un ensemble de règlements qui servirait à apporter des modifications à la Constitution.

Au même moment, la Grande-Bretagne cherche de plus en plus à se décharger des responsabilités de la gestion de son empire. La Déclaration Balfour de 1926 proclame que le Canada et les autres membres du Commonwealth sont « des communautés autonomes qui existent au sein de l'Empire britannique ». Cinq ans plus tard, en 1931, le Parlement britannique adopte le Statut de Westminster Région du centre de Londres, au Royaume-Uni, où se trouve le Parlement britannique. « Westminster » est parfois utilisé comme synonyme du Parlement britannique, comme dans la phrase « Trudeau a menacé de faire appel unilatéralement à Westminster ». qui mettra fin à son pouvoir sur le système des lois. À partir de ce moment, aucune loi britannique ne s’appliquera au Canada à l’exception de l’Acte de l’ANB.  À partir de ce moment, aucune loi britannique ne s’appliquera au Canada à l’exception de l’Acte de l’ANB.

À partir de ce moment, aucune loi britannique ne s’appliquera au Canada à l’exception de l’Acte de l’ANB.  À partir de ce moment, aucune loi britannique ne s’appliquera au Canada à l’exception de l’Acte de l’ANB.

Mackenzie King, 1945
statute_westminster_SENCANADA-magic.jpg L’Acte de l’Amérique du Nord britannique, 1867
Loi de Westminster, 1931
03_court_gavel_12168332_CP.jpg

Cependant, la plus haute cour d'appel du Canada demeure le Comité judiciaire du Conseil privé britannique. En 1937, par exemple, le Comité déclare inconstitutionnelles de nombreuses mesures législatives du « New Deal » de l’ancien premier ministre R.B. Bennett qui prévoyait des programmes d'aide sociale pour surmonter la dépression.

Après la Seconde Guerre mondiale, le Canada prend des mesures pour devenir plus autonome. En 1947, les Canadiens reçoivent leur propre statut de citoyenneté en tant que Canadiens plutôt que sujets britanniques. En 1949, la Cour Suprême du Canada remplace le Comité judiciaire du Conseil privé au titre de plus haute cour d’appel. Mais la question d’une formule d’amendement Règles servant à modifier la Constitution. La majorité des éléments de la Constitution exigent, pour pouvoir les amender, l’approbation du Sénat et de la Chambre des communes ainsi qu’au moins deux tiers des provinces représentant 50% de la population canadienne. à la Constitution n'est toujours pas résolue. En 1950, une conférence fédérale-provinciale échoue encore une fois à en produire une.

“Le bilan canadien au cours des deux grandes guerres mondiales a démontré incontestablement notre capacité à assumer les responsabilités réservées à une nation. En revanche, la maturité de notre nation n’est pas encore pleinement reconnue dans notre Constitution ni reflétée dans nos lois."

— Le premier ministre Louis St-Laurent, 1949

Louis St. Laurent, 1950

C’est un désaccord encore plus fondamental sur la nature même du fédéralisme Système de gouvernement composé à la fois d’un gouvernement central et d’un ensemble de gouvernements régionaux qui possèdent leurs propres pouvoirs distincts sans être subordonnés au gouvernement central. qui freine tout progrès. Certains considèrent le Canada comme un contrat entre deux peuples européens fondateurs, les Anglais et les Français. Il s’agit d’un fédéralisme Système de gouvernement composé à la fois d’un gouvernement central et d’un ensemble de gouvernements régionaux qui possèdent leurs propres pouvoirs distincts sans être subordonnés au gouvernement central. asymétrique qui accorde un statut particulier au Québec, comportant un droit constitutionnel de véto dans le cadre de la Confédération. Mais le point de vue dominant, nommé fédéralisme Système de gouvernement composé à la fois d’un gouvernement central et d’un ensemble de gouvernements régionaux qui possèdent leurs propres pouvoirs distincts sans être subordonnés au gouvernement central. symétrique, voit la fédération comme un contrat entre dix provinces égales — avec un droit de véto pour toutes ou pour aucune. Depuis la Confédération, une grande partie de l’histoire politique du Canada tourne autour de la question de la préservation de l’unité nationale, alors que les premiers ministres provinciaux défendent les droits de leurs provinces. Du point de vue des peuples autochtones Terme générique désignant les premiers peuples de l’Amérique du Nord et leurs descendants qui inclut les Premières nations, les Inuits et les Métis. Voir aussi: Indigène. , la possibilité d’une structure fédérale qui les inclut a été totalement ignorée.    

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Rassemblement politique à Montréal, en 1967.

Les années 60

Les révolutions tranquilles

Les années 60


Les révolutions tranquilles


Au cours des années 1960, de nouvelles idées et des développements sociaux et politiques déferlent sur le Canada.

La  Révolution tranquille Terme général désignant les bouleversements sociaux et les réformes qui ont fait évoluer le Québec dans les années 1960. On note principalement une diminution significative du pouvoir de l'Église catholique dans les affaires provinciales et l’arrivée au pouvoir d’une majorité de francophones conscientisés. La Révolution tranquille a engendré des changements considérables et profonds dans l’ordre social et dans la vision du Québec quant à sa place dans le fédéralisme canadien (ou, potentiellement, en dehors de celui-ci). au Québec: Jusqu’aux années 1960, les francophones du Québec sont dans une situation d’infériorité économique et politique dans leur province, bien qu’ils soient l'un des peuples fondateurs de la Confédération. L’anglais est la langue dominante utilisée dans les affaires, au sein de la haute société, ainsi que dans la fonction publique. Les francophones ne gagnent, en moyenne, que les deux tiers du revenu des anglophones Personne dont l’anglais est la langue maternelle ou la langue principale utilisée pour communiquer; adjectif faisant référence aux personnes « qui parlent anglais ». et sont rarement promus à des postes de cadre supérieur dans les entreprises. Ils craignent d’être assimilés par la vaste majorité d’ anglophones Personne dont l’anglais est la langue maternelle ou la langue principale utilisée pour communiquer; adjectif faisant référence aux personnes « qui parlent anglais ». en Amérique du Nord.

Rassemblement politique à Québec, en 1967
03_duplessis_catholic_church__DB_447_5280_04013719_0_NFB.jpg Les représentants de l’Église catholique rencontrent Duplessis en 1954.

Du milieu des années 1930 jusqu'à la majeure partie des années 1940 et 1950, ce déséquilibre est maintenu par le gouvernement autoritaire de l'Union nationale mené par le premier ministre Maurice Duplessis et soutenu par des entreprises Personne dont l’anglais est la langue maternelle ou la langue principale utilisée pour communiquer; adjectif faisant référence aux personnes « qui parlent anglais ». anglophones Personne dont l’anglais est la langue maternelle ou la langue principale utilisée pour communiquer; adjectif faisant référence aux personnes « qui parlent anglais ». ainsi que par l’Église catholique romaine conservatrice.

Le mort de Duplessis en 1959 ainsi que l’élection du gouvernement libéral En référence au parti libéral du Canada, parti politique à la fois fédéral et provincial, formé en 1867. Avec le Parti conservateur (anciennement progressiste-conservateur), le Parti libéral est l’un des deux partis qui ont gouverné le Canada depuis la création de la Confédération. Généralement un parti centriste. en 1960 conduisent à la Révolution tranquille Terme général désignant les bouleversements sociaux et les réformes qui ont fait évoluer le Québec dans les années 1960. On note principalement une diminution significative du pouvoir de l'Église catholique dans les affaires provinciales et l’arrivée au pouvoir d’une majorité de francophones conscientisés. La Révolution tranquille a engendré des changements considérables et profonds dans l’ordre social et dans la vision du Québec quant à sa place dans le fédéralisme canadien (ou, potentiellement, en dehors de celui-ci). . On assiste à l'ascension rapide d’une classe moyenne francophone Personne dont le français est la langue maternelle ou la langue principale utilisée pour communiquer; adjectif faisant référence aux personnes « qui parlent français ». éduquée et laïque, comprenant des professionnels, des  militants sociaux, des artistes et des dirigeants syndicaux. La majorité de la population commence à percevoir l’État québécois comme un véhicule pouvant mener à un projet de société distincte.

La majorité de la population commence à percevoir l’État québécois comme un véhicule pouvant mener à un projet de société distincte.

04_jean_lesage_06507292_CP_maitrescheznousquebec_1962_IMAGES_RECITUS_QC_CA.jpg Jean Lesage et le slogan de la campagne de 1962, «Maîtres chez nous».

En 1962, Jean Lesage, le chef du Parti libéral En référence au parti libéral du Canada, parti politique à la fois fédéral et provincial, formé en 1867. Avec le Parti conservateur (anciennement progressiste-conservateur), le Parti libéral est l’un des deux partis qui ont gouverné le Canada depuis la création de la Confédération. Généralement un parti centriste. , utilise le slogan « Maîtres chez nous » lors de sa campagne de réélection. Il réclame la reconnaissance du « statut particulier » du Québec.

Le Québec réforme et agrandit sa bureaucratie provinciale, établit sa propre caisse de retraite et investit dans les écoles, les hôpitaux, les autoroutes et les barrages hydroélectriques. Le rôle actif du gouvernement dans la protection et la promotion de la langue française est vu comme un élément clé.

Intervention fédérale

En réponse aux sérieuses discussions d’indépendance du Québec, ainsi qu’à une suite d’actes violents à Montréal et à Québec, le premier ministre Lester B. Pearson remplace le « Red Ensign » colonial par le drapeau actuel figurant la feuille d’érable, et l’hymne national « God Save the Queen » par le « Ô Canada ». Il nomme aussi des citoyens francophones Personne dont le français est la langue maternelle ou la langue principale utilisée pour communiquer; adjectif faisant référence aux personnes « qui parlent français ». à des postes de la haute fonction publique. En 1963, il crée la Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme dans le but d’étendre cet effort à l'échelle nationale.

À gauche: Le Red Ensign, ancien drapeau canadien, laisse sa place au drapeau à feuille d’érable, à Ottawa, le 15 février 1965. À droite: La Colline du Parlement, Ottawa, 2016
09_toronto_vietnam_protest_01561142_01689912_CP.jpg Manifestations contre la guerre du Vietnam à Toronto, en 1967-68.

Nouveaux mouvements sociaux

Au même moment, un appétit croissant pour un nationalisme civique et économique qui pourrait moderniser le pays se manifeste dans le reste du Canada. De nombreux peuples opprimés se mobilisent politiquement à travers le monde. Certains Canadiens se joignent à leurs voisins du Sud au sein de marches pour défendre les droits des Noirs américains et pour s’opposer à l'implication des États-Unis au Vietnam. Divers mouvements sociaux, comme ceux en faveur des autochtones Terme générique désignant les premiers peuples de l’Amérique du Nord et leurs descendants qui inclut les Premières nations, les Inuits et les Métis. Voir aussi: Indigène. , des droits civils, des droits des femmes ou encore des groupes anti-guerre se battent pour exposer les causes de l'inégalité et pour que soient reconnus les droits, l’égalité et la dignité de tous les êtres humains.

La volonté de pouvoir participer à la prise de décisions politiques grandit dans l’opinion publique. 

La volonté de pouvoir participer à la prise de décisions politiques grandit dans l’opinion publique. Beaucoup de gens remettent en question leur confiance en ces premiers ministres Dirigeants des partis au pouvoir au sein des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, dont le premier ministre du Canada et les premiers ministres provinciaux et territoriaux. Le Canada compte quatorze premiers ministres. , tous des hommes blancs privilégiés, et doutent du fait de les laisser déterminer de l'avenir constitutionnel du pays, dans ce processus à huis clos que l'on qualifie de « fédéralisme Système de gouvernement composé à la fois d’un gouvernement central et d’un ensemble de gouvernements régionaux qui possèdent leurs propres pouvoirs distincts sans être subordonnés au gouvernement central. exécutif ».

Conférences constitutionnelles fédérales-provinciales, 1969
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Trudeau, 1967

1967-1976

La peur de la séparation

1967-1976


La peur de la séparation


La vision de Trudeau: En 1967, l’étoile montante du cabinet de Pearson est son ministre de la Justice, Pierre Elliott Trudeau. Mais ce charismatique intellectuel du Québec est mécontent des concessions que Pearson fait au Québec et considère que le « statut particulier » constitue une pente glissante vers la séparation. Il voit en la protection constitutionnelle des droits linguistiques la clé de la survie du Canada français et, en même temps, un moyen de mettre fin au mouvement séparatiste.

Trudeau estime que le Canada a besoin d'une Charte de droits protégée constitutionnellement et pouvant s'appliquer à tous les individus d'un bout à l'autre du pays. Il fait des efforts pour convaincre les anglophones Personne dont l’anglais est la langue maternelle ou la langue principale utilisée pour communiquer; adjectif faisant référence aux personnes « qui parlent anglais ». d'abandonner leur sentiment de supériorité, plaidant pour une société pluraliste dans laquelle les personnes de religions, de langues et de cultures différentes vivraient ensemble sur un pied d’égalité. En 1971, Trudeau modifie les termes de la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, mettant de l’avant une politique de multiculturalisme.

Pierre Trudeau, 1968 (Société Radio-Canada)

Trudeau lance une nouvelle série de débats constitutionnels. Six conférences auront lieu au cours des quatre prochaines années. Mais le Québec n'est plus la seule province à affirmer son autonomie. Le rôle du gouvernement après la Guerre s’accroît dans des champs clés de la compétence provinciale, tels que l'éducation, les services sociaux et la santé. La production énergétique et les revenus sont également devenus un point sensible de friction. La plupart des premiers ministres Dirigeants des partis au pouvoir au sein des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, dont le premier ministre du Canada et les premiers ministres provinciaux et territoriaux. Le Canada compte quatorze premiers ministres. provinciaux désirent avoir plus de pouvoirs au sein de la fédération.

Trudeau croit que l'État-nation doit demeurer l'acteur le plus important au sein d’une communauté internationale de plus en plus complexe. Il défend que le Canada est déjà la fédération la plus décentralisée au monde et s'oppose à tout accord qui renforcerait ce qu’il perçoit comme une fâcheuse tendance, soit le pouvoir grandissant des provinces.

02_first_ministers_conference_june_1971_victoria_16019815_CP.jpg Conférence réunissant les Premiers ministres fédéral et provinciaux, Victoria, 1971

La Charte de Victoria

En juin 1971, à Victoria, en Colombie-Britannique, les dix premiers ministres Dirigeants des partis au pouvoir au sein des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, dont le premier ministre du Canada et les premiers ministres provinciaux et territoriaux. Le Canada compte quatorze premiers ministres. provinciaux ainsi que le premier ministre Trudeau concluent un accord de principe afin de rapatrier la Constitution de la Grande-Bretagne au Canada. L’accord inclut une nouvelle formule d'amendement Règles servant à modifier la Constitution. La majorité des éléments de la Constitution exigent, pour pouvoir les amender, l’approbation du Sénat et de la Chambre des communes ainsi qu’au moins deux tiers des provinces représentant 50% de la population canadienne. , une déclaration de droits à joindre dans la Constitution ainsi que des dispositions concernant la protection de la langue française au Canada. La formule d'amendement Règles servant à modifier la Constitution. La majorité des éléments de la Constitution exigent, pour pouvoir les amender, l’approbation du Sénat et de la Chambre des communes ainsi qu’au moins deux tiers des provinces représentant 50% de la population canadienne. prévoit des droits de véto pour le Québec et l'Ontario en ce qui concerne toute modification future de la Constitution. Bien que tous les premiers ministres Dirigeants des partis au pouvoir au sein des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, dont le premier ministre du Canada et les premiers ministres provinciaux et territoriaux. Le Canada compte quatorze premiers ministres. provinciaux y donnent leur approbation provisoire, ils disposent de 12 jours pour la confirmer.

Au Québec, les opposants et les médias critiquent le premier ministre Robert Bourassa pour avoir donné son approbation, dénonçant le fait qu'il n'a pas obtenu suffisamment de pouvoir provincial en ce qui concerne les programmes sociaux. Bourassa craint que l'accord n’engendre de nouveau de la violence politique. Six mois plus tôt a eu lieu la crise d’Octobre, cette série d’événements durant laquelle le groupe séparatiste radical, le Front de libération du Québec (FLQ), a notamment kidnappé un délégué commercial britannique et enlevé la vie au ministre du Travail du Québec, et à la suite de quoi Trudeau a déclaré la loi martiale.

Bourassa finit par retirer son soutien à la Charte de Victoria sous les applaudissements de tous les partis de l'Assemblée nationale du Québec, mais à la grande déception du premier ministre Trudeau et des premiers ministres Dirigeants des partis au pouvoir au sein des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, dont le premier ministre du Canada et les premiers ministres provinciaux et territoriaux. Le Canada compte quatorze premiers ministres. provinciaux. Trudeau, furieux contre Bourassa, lui dit : « Si vous aviez du cran, cette affaire serait déjà réglée. »

Robert Bourassa et Pierre Trudeau, 1972
04_davis_and_trudeau_1978_03340148_CP.jpg Bill Davis et Pierre Trudeau, 1978

L’impasse

En octobre 1974, après avoir été réélu majoritairement, Trudeau annonce son intention d’effectuer le rapatriement de la Constitution dans un délai de quatre ans. Des pourparlers ont lieu en 1975 et en 1976 où Bourassa refuse de nouveau les conditions du rapatriement, pensant que cela pourrait lui coûter les élections provinciales de 1976 (qu’il perdra de toute façon.)

En février 1976, frustré par l'impasse, Trudeau soulève la possibilité de poursuivre le rapatriement unilatéralement, sans le consentement des provinces.

Souveraineté

La victoire du Parti québécois

Le Parti libéral En référence au parti libéral du Canada, parti politique à la fois fédéral et provincial, formé en 1867. Avec le Parti conservateur (anciennement progressiste-conservateur), le Parti libéral est l’un des deux partis qui ont gouverné le Canada depuis la création de la Confédération. Généralement un parti centriste. de Bourassa perd les élections provinciales de 1976 face au Parti québécois (« PQ ») de René Lévesque, ancien ministre du gouvernement Lesage et journaliste reconnu. La souveraineté du Québec constitue la priorité numéro un du programme péquiste, bien que ses membres ne s’accordent pas sur les modalités de l’indépendance. Certains désirent un statut immédiat et intégral en tant que pays indépendant, tandis que d’autres désirent avancer de façon progressive vers une autonomie complète en acquérant graduellement des pouvoirs du Canada, de la même manière que le Canada a obtenu son indépendance de la Grande-Bretagne. La montée du PQ suscite à travers le Canada un sentiment d'urgence quant à l'avenir constitutionnel du pays.

René Lévesque, Montréal, 1976
06_pq_victory_1976_2052698_CP.jpg Sympathisants du Parti québécois, 1976.

La montée du PQ suscite à travers le Canada un sentiment d'urgence quant à l'avenir constitutionnel du pays.

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Trudeau, en 1976, à la conférence des premiers ministres

1976-1980

Attraction et répulsion

1976-1980


Attraction et répulsion


Décembre 1976, Conférence des premiers ministres: Lors de la conférence annuelle des premiers ministres, en décembre 1976, ceux-ci conviennent que le rapatriement constitutionnel ne devrait pas se poursuivre sans un élargissement des pouvoirs accordés aux provinces.

Comité de travail et négociations, 1978

Trudeau réagit à l'élection du PQ en formant un comité de travail pour assurer l'unité canadienne, la Commission Pépin-Robarts. Elle recommande de concevoir un fédéralisme Système de gouvernement composé à la fois d’un gouvernement central et d’un ensemble de gouvernements régionaux qui possèdent leurs propres pouvoirs distincts sans être subordonnés au gouvernement central. renouvelé.

04_joe_clark_1979_06384706_655225_CP.jpg Joe Clark prête serment et devient officiellement le Premier ministre du Canada, 1979

Trudeau part et revient, 1979-1980

Comme prévu, Trudeau perd les élections fédérales de mai 1979 face à Clark, qui a fait campagne en partie pour établir une

« communauté de communautés », une approche plus complaisante et ouverte envers les provinces au sein du fédéralisme Système de gouvernement composé à la fois d’un gouvernement central et d’un ensemble de gouvernements régionaux qui possèdent leurs propres pouvoirs distincts sans être subordonnés au gouvernement central. canadien. Trudeau démissionne de son poste de chef du parti.

En pleine récession économique et après seulement neuf mois au pouvoir, le gouvernement minoritaire Lorsque le parti au pouvoir à l’assemblée législative ou à la Chambre des communes occupe plus de sièges que tout autre parti sans avoir pour autant obtenu la majorité, il forme un gouvernement minoritaire (parfois avec le soutien d'un ou de plusieurs petits partis). de Clark est défait lors d’un vote de confiance. Entre-temps, Trudeau a repris son poste de chef du parti. Aux élections suivantes, les libéraux sont réélus majoritairement. 

Étonnamment, Trudeau connaît une renaissance politique. Il revient avec une détermination renouvelée, prêt à reprendre ce qu'il considère comme une  mission historique: le rapatriement Processus visant à amener l'Acte de l'Amérique du Nord britannique de 1867 – la Constitution du Canada – sous le contrôle total du Canada, plutôt que de le conserver comme une loi du Parlement britannique. Après des décennies d'efforts, le rapatriement s'est conclu par l’adoption en 1982 de l’Acte de la Grande-Bretagne au Canada et de la Loi constitutionnelle, qui prévoient notamment un moyen de modifier la Constitution au Canada. La nouvelle Constitution n'a pas été ratifiée par le gouvernement du Québec. de la Constitution au Canada, la création d’une Charte des droits ainsi que la répression du séparatisme québécois. Il se sent libre de prendre des risques et annonce même qu'il ne se représentera pas par la suite.

Trudeau démissionne de son poste de chef de parti, 1979 (Société Radio-Canada)

Le dernier droit

Chantal Hébert, journaliste et chroniqueuse politique québécoise.

Réferendum

May 1980: le référendum québécois

Le 20 mai 1980, Lévesque et le Parti québécois s’adressent au peuple du Québec, lui demandant pour la première fois s'il souhaite faire partie du Canada ou non. La question référendaire est formulée de façon à influencer les modérés et dans le but d’obtenir « un mandat pour négocier la souveraineté-association Terme créé par le Parti Québécois pour signifier le désir du Québec de devenir un pays souverain mais en « association » politique et économique avec le Canada par le biais, par exemple, d’une union monétaire ou du partage d’un même passeport. » avec le gouvernement fédéral.

Le reste du pays surveille l’actualité québécoise avec nervosité. Le côté anti-souveraineté, dirigé par Trudeau mais aussi par le chef libéral En référence au parti libéral du Canada, parti politique à la fois fédéral et provincial, formé en 1867. Avec le Parti conservateur (anciennement progressiste-conservateur), le Parti libéral est l’un des deux partis qui ont gouverné le Canada depuis la création de la Confédération. Généralement un parti centriste. du Québec, Claude Ryan, se montre divisé sur la question. Les deux sont en désaccord au sujet d’un statut particulier pour le Québec. Pour Trudeau, il est essentiel que le « non » l’emporte.

Lors du dernier grand discours de sa campagne référendaire à Montréal, il jure: “Je prends l'engagement le plus solennel qu'à la suite d’une victoire du « non » nous prendrons immédiatement toutes les mesures nécessaires pour assurer le renouvellement de la Constitution et nous n'arrêterons pas tant que ce ne sera pas fait.”

Partisans du Oui, Montréal, 1980.
Pierre Trudeau, 1980 (Société Radio-Canada).

Lors du dernier grand discours de sa campagne référendaire à Montréal, il jure : « Je prends l'engagement le plus solennel qu'à la suite d’une victoire du « non » nous prendrons immédiatement toutes les mesures nécessaires pour assurer le renouvellement de la Constitution et nous n'arrêterons pas tant que ce ne sera pas fait. »

Le « non » l’emporte par une marge confortable de 60% des voix, dont une majorité de voix francophones Personne dont le français est la langue maternelle ou la langue principale utilisée pour communiquer; adjectif faisant référence aux personnes « qui parlent français ». .

Lévesque est profondément blessé. Il doit admettre que les Québécois préfèrent donner une chance au fédéralisme Système de gouvernement composé à la fois d’un gouvernement central et d’un ensemble de gouvernements régionaux qui possèdent leurs propres pouvoirs distincts sans être subordonnés au gouvernement central. renouvelé.

C'est l'occasion pour Trudeau de tenir sa promesse et de négocier un accord constitutionnel.

C'est l'occasion pour Trudeau de tenir sa promesse et de négocier un accord constitutionnel.

Québec durant le référendum, 1980 (Office national du film du Canada)
Edward Goldenberg, conseiller constitutionnel spécial auprès du ministre de la Justice, 1980-1982.
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Trudeau et les Premiers ministres provinciaux au 24 Sussex, 1980

1980-1981

La pression s’intensifie

1980-1981


La pression s’intensifie


Les pourparlers de l’été 1980: Le 9 juin 1980, le premier ministre Trudeau invite les premiers ministres à se réunir dans sa résidence d’Ottawa. Il leur remet une liste de points à examiner en comité au cours de l'été qui sera ensuite déposée devant une réunion des premiers ministres en septembre. Les dirigeants provinciaux sont mécontents.

Au cours de l’été, des discussions se poursuivent à travers le pays au sein du CPMC — le Comité permanent des ministres sur la Constitution — qui a comme rôle de réduire le nombre d’options à la disposition des premiers ministres.

Les premiers ministres apprennent à bien se connaître et une relation qui se tisse entre trois procureurs généraux, Jean Chrétien (Canada), Roy Romanow (Saskatchewan) et Roy McMurtry (Ontario) s’avère cruciale à la conclusion de l’accord final.

Roy McMurtry, Roy Romanow, Jean Chrétien rejouent «l’Accord de la cuisine», 1983
03_lougheed_levesque_davis_bennett_handshake_03263364_CP.jpg René Lévesque, Bill Davis et Bill Bennett accueillent Peter Lougheed, 1980

Pendant ce temps, Lévesque s'engage avec les autres premiers ministres Dirigeants des partis au pouvoir au sein des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, dont le premier ministre du Canada et les premiers ministres provinciaux et territoriaux. Le Canada compte quatorze premiers ministres. et, d’après certains, semble prêt à conclure un accord.

Malgré tout, les pourparlers de septembre sont un échec total. Les premiers ministres Dirigeants des partis au pouvoir au sein des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, dont le premier ministre du Canada et les premiers ministres provinciaux et territoriaux. Le Canada compte quatorze premiers ministres. examinent le « meilleur projet de proposition » du CPMC et en réponse, soumettent au gouvernement le « Consensus du Château ». Trudeau rejette ce qu’il considère « une liste d’achats de plus de la part des provinces » et la réunion s’achève sans aucune résolution. Plusieurs premiers ministres Dirigeants des partis au pouvoir au sein des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, dont le premier ministre du Canada et les premiers ministres provinciaux et territoriaux. Le Canada compte quatorze premiers ministres. commencent à croire que Trudeau souhaite l’échec des négociations afin de pouvoir aller de l'avant par lui-même — une crainte renforcée par plusieurs mémos divulgués par des conseillers de Trudeau avant la conférence.

Edward Goldenberg, conseiller constitutionnel spécial auprès du ministre de la Justice, 1980-1982

Trudeau à la télévision

Trudeau à la télévision

Lors d’un discours devant le pays le 2 octobre 1980, Trudeau annonce sa « Résolution commune visant à modifier la Constitution » qu'il dépose à la Chambre quatre jours plus tard. Le plan comprend une déclaration constitutionnelle des droits, ainsi que deux méthodes pour modifier la constitution: la « Formule de Victoria » Modèle de formule d'amendement proposé dans le cadre de l’ensemble constitutionnel de la Charte de Victoria qui avait échoué en 1971 et qui a fait partie des négociations pendant la décennie suivante. La formule exigeait que les modifications constitutionnelles soient approuvées par le gouvernement fédéral ainsi que par une majorité des provinces, dont au moins deux dans l’ouest du Canada et deux dans le Canada atlantique. Elle accordait également le droit de véto aux deux plus grandes provinces, l’Ontario et le Québec. et une série de référendums Vote populaire (civique, provincial ou national) sur une proposition ou une question. Le rapatriement de la Constitution est devenu plus urgent après le référendum de 1980 sur la souveraineté au Québec. Pierre Trudeau, et d'autres personnalités de l’époque, ont proposé différents référendums nationaux pour résoudre des questions constitutionnelles. sur les modifications constitutionnelles, qui serait initiée par le gouvernement fédéral en cas d’impasse entre deux des ordres de gouvernement. Il propose de rapatrier la Constitution au Canada sans le consentement des provinces, car, selon lui, l’exigence d’un consentement unanime empêche le pays d’avancer. Le gouvernement prévoit de convoquer le Parlement du Canada plus tôt que prévu afin de faire adopter la résolution d’ici Noël 1980, et ce avant qu’une opposition importante ne se mobilise.


Selon Trudeau, sa résolution devait seulement être adoptée par la Chambre, le Sénat « Chambre haute » du parlement canadien qui examine et approuve toutes les lois fédérales introduites dans l'une ou l'autre Chambre. (En général, il s’abstient de proposer la législation bien qu'il en possède le pouvoir.) Le Sénat est composé de 105 sénateurs nommés par le Gouverneur général, sur les conseils du premier ministre. Ils occupent leurs fonctions jusqu'à 75 ans. Les sièges au Sénat sont proportionnels à la population d’une région afin d’équilibrer la composition de la Chambre des communes, basée sur la population, et d’améliorer l'égalité régionale au sein du gouvernement. et enfin le Parlement britannique.

Pourquoi s’en faire si elle est impopulaire auprès des premiers ministres Dirigeants des partis au pouvoir au sein des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, dont le premier ministre du Canada et les premiers ministres provinciaux et territoriaux. Le Canada compte quatorze premiers ministres. ? Ils ne sont que des élites politiques. Trudeau pourrait toujours tenir un référendum Vote populaire (civique, provincial ou national) sur une proposition ou une question. Le rapatriement de la Constitution est devenu plus urgent après le référendum de 1980 sur la souveraineté au Québec. Pierre Trudeau, et d'autres personnalités de l’époque, ont proposé différents référendums nationaux pour résoudre des questions constitutionnelles. . Les Canadiens seraient de son côté.

Trudeau, 1980
Trudeau à la télévision, 2 octobre, 1980 (Société Radio-Canada)

L'unanimité a accordé à chaque premier ministre un droit de véto et ce véto est de plus en plus utilisé pour chercher le bien d'une région ou d'une province en particulier. Nous n’avons donc atteint le bien de personne, surtout pas le bien de tous, c’est-à-dire, le bien commun. Nous avons été menés par les dictats de l'unanimité afin de marchander la liberté en échange de poissons, les droits fondamentaux en échange de pétrole et l'indépendance de notre pays en échange de tarifs téléphoniques interurbains.

Pierre Trudeau, 2 octobre 1980

05_trudeau_878915_CP.jpg Trudeau, 1980

La résolution de Trudeau sépare les questions constitutionnelles en deux :



Il demande que la résolution soit adoptée par la Chambre et le Sénat en moins de deux mois, puis soumise à l’approbation de Westminster Région du centre de Londres, au Royaume-Uni, où se trouve le Parlement britannique. « Westminster » est parfois utilisé comme synonyme du Parlement britannique, comme dans la phrase « Trudeau a menacé de faire appel unilatéralement à Westminster ». au mois de janvier 1981, afin qu’elle revienne à temps pour entrer en vigueur le 1er juillet, le jour de la Fête du Canada.

Mais cela ne se produira pas si les provinces ou l' opposition officielle Le deuxième plus grand parti dans une législature canadienne reçoit le statut d'opposition officielle. Ce statut lui permet généralement de bénéficier de privilèges spéciaux lors des débats, au niveau du financement public qu’elle reçoit ou de l’espace de bureaux qu’on lui attribue, par exemple. ont leur mot à dire.

Patricia Paradis, Directrice exécutive, Centre d’études constitutionnelles, Université de l’Alberta

Les alliés de Trudeau

Le premier ministre Bill Davis de l'Ontario et le premier ministre Richard Hatfield du Nouveau-Brunswick décident d'appuyer la résolution de Trudeau. Davis accepte en échange de la promesse que Trudeau n’imposera pas le bilinguisme officiel Le Canada est un pays officiellement bilingue, ce qui signifie que « le français et l'anglais ont un statut égal et des droits et privilèges égaux quant à leur usage dans toutes les institutions du parlement et du gouvernement du Canada ». Le bilinguisme officiel au Canada a commencé lorsque le parlement a adopté la Loi sur les langues officielles en 1969. La notion de bilinguisme officiel est décrit dans les articles concernant les langues officielles, inscrits dans la Charte des droits et libertés. en Ontario. Par ailleurs, l’appui de Hatfield dépend de la garantie du bilinguisme officiel Le Canada est un pays officiellement bilingue, ce qui signifie que « le français et l'anglais ont un statut égal et des droits et privilèges égaux quant à leur usage dans toutes les institutions du parlement et du gouvernement du Canada ». Le bilinguisme officiel au Canada a commencé lorsque le parlement a adopté la Loi sur les langues officielles en 1969. La notion de bilinguisme officiel est décrit dans les articles concernant les langues officielles, inscrits dans la Charte des droits et libertés. pour le Nouveau-Brunswick afin de protéger la population acadienne et de l’insertion du principe de péréquation Programme fédéral qui transfère des fonds aux provinces dont les capacités à générer des revenus sont sous la moyenne. Les paiements de péréquations (parfois appelés paiements de transfert) font en sorte que toutes les provinces sont en mesure de fournir des niveaux comparables de services publics, en santé et en éducation par exemple, à des niveaux comparables d’imposition. Ce principe est garanti par la Constitution de 1982. . Néanmoins, les deux hommes préfèrent la négociation avec les provinces à l’unilatéralisme de Trudeau.

Bill Davis et Richard Hatfield, 1979
07_ed_broadbent_1981_873014_CP.jpg Ed Broadbent, 1980

La résolution de Trudeau obtient également l'appui du Nouveau Parti démocratique Créé pour succéder au FCC (Fédération du Commonwealth coopératif) en 1961, le Nouveau Parti démocratique est le principal parti de gauche, social-démocrate, aussi bien aux niveaux fédéral que provincial, au Canada. Il n'a jamais formé de gouvernement fédéral, mais a souvent été au pouvoir au niveau provincial, surtout dans l’ouest du Canada, mais également en Ontario et en Nouvelle-Écosse. fédéral. Toutefois, pour satisfaire son caucus dans l'Ouest (26 des 32 députés Membre de l’Assemblé législative (dans la plupart des provinces et des territoires). du parti), le chef du NPD, Ed Broadbent, insiste sur l’adoption d’un amendement qui protégerait et élargirait les droits des provinces et leur contrôle sur leurs ressources naturelles.

Les sondages démontrent que les Canadiens soutiennent largement le programme de Trudeau, mais préfèreraient une entente négociée avec les provinces.

Les ennemis de Trudeau

La menace du premier ministre d'agir unilatéralement et de diviser le programme constitutionnel rencontre une résistance immédiate d'une coalition de provinces qui condamne sa résolution comme une prise de pouvoir à peine voilée du gouvernement fédéral. Cette coalition voit notamment en la Déclaration des droits une menace à l'autonomie provinciale. Les premiers ministres Dirigeants des partis au pouvoir au sein des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, dont le premier ministre du Canada et les premiers ministres provinciaux et territoriaux. Le Canada compte quatorze premiers ministres. de la Colombie-Britannique, de l'Alberta, du Manitoba, du Québec, de l'Île-du-Prince-Édouard et de Terre-Neuve se réunissent pour exprimer leur opposition au rapatriement Processus visant à amener l'Acte de l'Amérique du Nord britannique de 1867 – la Constitution du Canada – sous le contrôle total du Canada, plutôt que de le conserver comme une loi du Parlement britannique. Après des décennies d'efforts, le rapatriement s'est conclu par l’adoption en 1982 de l’Acte de la Grande-Bretagne au Canada et de la Loi constitutionnelle, qui prévoient notamment un moyen de modifier la Constitution au Canada. La nouvelle Constitution n'a pas été ratifiée par le gouvernement du Québec. unilatéral. Ce groupe, qui se nomme lui-même « le Groupe des six », entreprend des démarches pour faire pression auprès du Parlement britannique. Il entreprend aussi des contestations judiciaires contre l'approche unilatérale de Trudeau.

De gauche à droite, et de haut en bas: Bill Bennette, Peter Lougheed, Sterling Lyon, René Lévesque, Brian Peckford et Angus MacLean, 1980
14_hays_joyal_comittee_1981_105394_SERGEJOYALSENCANADA.jpg Le Comité Hays Joyal, 1981

Le Comité Hays-Joyal Le comité mixte spécial sur la Constitution, présidé par le sénateur Harry Hays et le député Serge Joyal, en 1980 et 1981. Pendant trois mois, ce comité a tenu des audiences publiques (dont certaines ont été retransmises à la télévision) et a reçu les soumissions écrites de plus de 900 individus et organisations portant sur les propositions du gouvernement fédéral sur le rapatriement de la Constitution. et le militantisme citoyen

Par ailleurs, en octobre 1980, la résolution constitutionnelle, structurée autour de la nouvelle Charte des droits, est soumise à l’examen d’une commission interparlementaire spéciale en lien avec des membres du Sénat et de la Chambre des communes L’Assemblée législative « basse » (par opposition à la « chambre haute » du Sénat) du parlement canadien. La Chambre compte les représentants de circonscriptions élus par le peuple (les districts électoraux) à travers le Canada. . Ce comité, nommé   Hays-Joyal Le comité mixte spécial sur la Constitution, présidé par le sénateur Harry Hays et le député Serge Joyal, en 1980 et 1981. Pendant trois mois, ce comité a tenu des audiences publiques (dont certaines ont été retransmises à la télévision) et a reçu les soumissions écrites de plus de 900 individus et organisations portant sur les propositions du gouvernement fédéral sur le rapatriement de la Constitution. , tient des séances télévisées — une première pour une commission parlementaire. Comme l’explique plus tard Jean Chrétien, le Comité constituait un forum pour que les « normalement peu puissants et peu organisés » puissent avoir un mot à dire sur la Charte.

Les citoyens ordinaires commencent à s’intéresser au débat à mesure qu’ils prennent conscience qu'ils ont peut-être gros à gagner.

Patricia Paradis, Directrice exécutive, Centre d’études constitutionnelles, Université de l’Alberta

Le Comité se réunit 106 fois au cours de 56 jours de séances, entre novembre 1980 et janvier 1981.

914 individus et 294 groupes soumettent des propositions et 104 particuliers et groupes font des présentations orales. Suite à ces nombreuses  présentations, la Charte est considérablement remaniée à cinq reprises.

Des organisations telles que le Comité canadien d'action sur le statut de la femme, la Fraternité nationale des Indiens Terme utilisé historiquement pour désigner les premiers peuples de l’Amérique du Nord – Indigènes et Autochtones – mais il est considéré comme irrespectueux ou inexact. Néanmoins, il est toujours utilisé dans l’article 91(24) de la Constitution ainsi que dans la « Loi sur les Indiens ». , l'Association canadienne des libertés civiles et l'Association canadienne des lesbiennes et des homosexuels jouent ainsi un rôle important dans l'histoire du rapatriement Processus visant à amener l'Acte de l'Amérique du Nord britannique de 1867 – la Constitution du Canada – sous le contrôle total du Canada, plutôt que de le conserver comme une loi du Parlement britannique. Après des décennies d'efforts, le rapatriement s'est conclu par l’adoption en 1982 de l’Acte de la Grande-Bretagne au Canada et de la Loi constitutionnelle, qui prévoient notamment un moyen de modifier la Constitution au Canada. La nouvelle Constitution n'a pas été ratifiée par le gouvernement du Québec. .

Brian Peckford, premier ministre de Terre-Neuve (1979-1989)

Activisme

15_constitution_express_leaders_by_train_18425218_CP.jpg Des passagers de «l’Express de la Constitution», Ottawa, 28 novembre 1980

L’Express de la Constitution

Entre-temps, les peuples autochtones Terme générique désignant les premiers peuples de l’Amérique du Nord et leurs descendants qui inclut les Premières nations, les Inuits et les Métis. Voir aussi: Indigène. se réunissent pour lancer une campagne constitutionnelle, dont le temps fort est « l’Express de la Constitution ». En novembre 1980, deux trains transportant des centaines d' Terme générique désignant les premiers peuples de l’Amérique du Nord et leurs descendants qui inclut les Premières nations, les Inuits et les Métis. Voir aussi: Indigène. autochtones Terme générique désignant les premiers peuples de l’Amérique du Nord et leurs descendants qui inclut les Premières nations, les Inuits et les Métis. Voir aussi: Indigène. cherchant à revendiquer leurs droits partent de Vancouver. En parallèle,  des efforts de pression internationale sont menés à New York, en Europe et en Grande-Bretagne.

Le gouvernement fédéral accepte de retarder toute mesure législative afin d’entendre leurs préoccupations. Les audiences du Comité Hays-Joyal sont prolongées jusqu’en janvier 1981 et plusieurs groupes autochtones Terme générique désignant les premiers peuples de l’Amérique du Nord et leurs descendants qui inclut les Premières nations, les Inuits et les Métis. Voir aussi: Indigène. y font des présentations.

«l’Express de la Constitution» termine enfin sa course (CTV)
16_womens_conference_framegrab_10000016_CBC.jpg Les femmes lors de la conférence constitutionnelle de 1981

Comité spécial des femmes canadiennes sur la Constitution

Lors des audiences de Hays-Joyal, les femmes canadiennes ne limitent pas leurs efforts au droit à l'égalité homme-femme. Parmi leurs nombreuses initiatives, on compte notamment une conférence constitutionnelle qui eu lieu à Ottawa Capitale du Canada où se trouvent les édifices du Parlement fédéral, de la Chambre des communes et du Sénat. Le nom « Ottawa » est parfois utilisé pour désigner le gouvernement fédéral, comme dans la phrase: « Ottawa a refusé toute négociation supplémentaire ». le jour de la Saint-Valentin, en 1981, malgré la tentative du gouvernement d’en empêcher sa tenue. Un millier de femmes provenant d’un peu partout au pays, connues par la suite sous le nom de « ad hockers », se réunissent et manifestent pour s'assurer que le droit des femmes à l'égalité soit effectivement inscrit dans la Charte. La conférence a pour effet l’ajout de l'article 28 à la Charte. Cette clause indique que, par dérogation à toute disposition de la Charte, les droits et libertés stipulés dans la Charte sont également garantis aux femmes comme aux hommes.

La conférence a pour effet l’ajout de l'article 28 à la Charte. Cette clause indique que, par dérogation à toute disposition de la Charte, les droits et libertés stipulés dans la Charte sont également garantis aux femmes comme aux hommes.

Lynn McDonald, présidente du Comité national d’action sur le statut de la femme, 1981 (Société Radio-Canada)

La « bande des huit »

17_gang_of_eight_18425216_CP.jpg La « bande des huit », 1981

De six à huit, janvier à février 1981

Au début des négociations, les premiers ministres Dirigeants des partis au pouvoir au sein des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, dont le premier ministre du Canada et les premiers ministres provinciaux et territoriaux. Le Canada compte quatorze premiers ministres. Allan Blakeney de la Saskatchewan et John Buchanan de la Nouvelle-Écosse n’ont pas encore pris la décision de se joindre aux six premiers ministres Dirigeants des partis au pouvoir au sein des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, dont le premier ministre du Canada et les premiers ministres provinciaux et territoriaux. Le Canada compte quatorze premiers ministres. opposés à la résolution de Trudeau. Ce dernier estime que la Saskatchewan est la clé du succès de la résolution. C'est une province de l'Ouest dirigée par un gouvernement néo-démocrate qui pourrait accroître sa légitimité à l'échelle nationale face aux autres partis. De plus, Trudeau pense que Blakeney pourrait convaincre la Colombie-Britannique et la Nouvelle-Écosse de se joindre à lui.

En janvier 1981, des fonctionnaires fédéraux et saskatchewanais négocient pendant trois jours à Toronto. Une entente semble imminente vers la fin de la semaine et des copies du projet d'accord sont expédiées à Trudeau, à sa maison de campagne au bord d’un lac, et à Blakeney qui, lui, est en vacances à Hawaï. Les deux hommes planifient de se parler le lundi suivant, mais Trudeau rate l'appel de Blakeney lorsque sa voiture tombe en panne entre Montréal et Capitale du Canada où se trouvent les édifices du Parlement fédéral, de la Chambre des communes et du Sénat. Le nom « Ottawa » est parfois utilisé pour désigner le gouvernement fédéral, comme dans la phrase: « Ottawa a refusé toute négociation supplémentaire ». Ottawa Capitale du Canada où se trouvent les édifices du Parlement fédéral, de la Chambre des communes et du Sénat. Le nom « Ottawa » est parfois utilisé pour désigner le gouvernement fédéral, comme dans la phrase: « Ottawa a refusé toute négociation supplémentaire ». . (Les téléphones portables n’existaient à l’époque.)

Blakeney s’impatiente en attendant l’appel dans sa chambre d’hôtel. Il consulte son procureur général, Roy Romanow, qui, lui, a encore beaucoup de réticences. Le Sénat, que le NPD a proposé d'abolir, maintiendra-t-il son droit de véto constitutionnel? Le gouvernement fédéral confirme que cela sera le cas.

Le mardi matin, lors d’un appel bref et brusque, Blakeney dit à Trudeau qu'il ne pense finalement pas pouvoir approuver la résolution. La Saskatchewan ainsi que la Nouvelle-Écosse choisissent alors de rejoindre le « Groupe des six » pour former ce que les médias appellent la « bande des huit » Les huit premiers ministres provinciaux qui se sont opposés, aussi bien politiquement que légalement, au projet de rapatriement de la Constitution canadienne de Pierre Trudeau en 1980-81. Ce groupe réunit toutes les provinces à l’exception de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick. La Nouvelle-Écosse et la Saskatchewan seront les dernières à se joindre à ce qui était initialement la « Bande des six ». .

Allan Blakeney, 1981
18_joe_clark_1980_01767787_CP.jpg Joe Clark, 1980

Obstruction, mars 1981

À partir de mars 1981,  l' opposition officielle Le deuxième plus grand parti dans une législature canadienne reçoit le statut d'opposition officielle. Ce statut lui permet généralement de bénéficier de privilèges spéciaux lors des débats, au niveau du financement public qu’elle reçoit ou de l’espace de bureaux qu’on lui attribue, par exemple. , dirigée par Joe Clark, le chef du Parti conservateur Le Parti conservateur du Canada a été créé en 2003 par la fusion du Parti progressiste-conservateur et de l'Alliance canadienne (l'ancien Parti réformiste du Canada). Il est considéré généralement comme parti de droite et est lié à des partis provinciaux connus sous des noms différents. , retarde la motion de Trudeau en faisant obstruction au projet pendant deux semaines (une tactique visant à prolonger le débat indéfiniment). Clark appuie en principe le rapatriement Processus visant à amener l'Acte de l'Amérique du Nord britannique de 1867 – la Constitution du Canada – sous le contrôle total du Canada, plutôt que de le conserver comme une loi du Parlement britannique. Après des décennies d'efforts, le rapatriement s'est conclu par l’adoption en 1982 de l’Acte de la Grande-Bretagne au Canada et de la Loi constitutionnelle, qui prévoient notamment un moyen de modifier la Constitution au Canada. La nouvelle Constitution n'a pas été ratifiée par le gouvernement du Québec. et la Charte, mais il s’oppose à l'unilatéralisme d’ Ottawa Capitale du Canada où se trouvent les édifices du Parlement fédéral, de la Chambre des communes et du Sénat. Le nom « Ottawa » est parfois utilisé pour désigner le gouvernement fédéral, comme dans la phrase: « Ottawa a refusé toute négociation supplémentaire ». . Sans doute veut-il marquer des points politiques contre les libéraux.

Le Premier ministre du Canada Joe Clark,
en mars 1981.

Joe Clark, 1981 (Bibliothèque et Archives Canada).

Les tribunaux s’expriment

Entre-temps, les tribunaux prennent leurs décisions sur les défis apportés par les provinces. La Cour suprême de Terre-Neuve décide à l'unanimité que l’unilatéralisme de Trudeau est inconstitutionnel, tandis que les tribunaux du Manitoba et du Québec jugent au contraire que le gouvernement a  tout à fait le droit d’agir ainsi. Le gouvernement fédéral fait rapidement appel du jugement terre-neuvien à la Cour suprême.

En Grande-Bretagne, un comité parlementaire recommande de ne pas adopter la résolution de Trudeau à moins qu' Ottawa Capitale du Canada où se trouvent les édifices du Parlement fédéral, de la Chambre des communes et du Sénat. Le nom « Ottawa » est parfois utilisé pour désigner le gouvernement fédéral, comme dans la phrase: « Ottawa a refusé toute négociation supplémentaire ». n’obtienne davantage de soutien des provinces. Trois cas sont portés devant les tribunaux britanniques par les peuples autochtones Terme générique désignant les premiers peuples de l’Amérique du Nord et leurs descendants qui inclut les Premières nations, les Inuits et les Métis. Voir aussi: Indigène. .

Trudeau dépose une résolution révisée (incorporant certains changements issus des audiences publiques) au parlement en avril 1981. Les trois partis fédéraux conviennent d'attendre la décision de la Cour suprême avant de voter.

Le juge en chef de la Cour Suprême, Bora Laskin, lit la décision de la Cour sur la légalité de la Constitution, le 28 septembre 1981
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Bill Bennett signe «l’Accord d’avril», 1981

Avril-Octobre 1981

Le décor est planté

Avril-Octobre 1981


Le décor est planté


L’Accord d’avril: Le 16 avril 1981, la « bande des huit » présente son Plan canadien de rapatriement, une contre-proposition à la résolution de Trudeau que l’on appelle « l’Accord d’avril ».

C’est une déclaration d’intention unifiée aussi bien qu’un outil de négociation. Les négociations font surgir des tensions et des différents entre les membres de la « bande des huit » Les huit premiers ministres provinciaux qui se sont opposés, aussi bien politiquement que légalement, au projet de rapatriement de la Constitution canadienne de Pierre Trudeau en 1980-81. Ce groupe réunit toutes les provinces à l’exception de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick. La Nouvelle-Écosse et la Saskatchewan seront les dernières à se joindre à ce qui était initialement la « Bande des six ». , mais l’entente inclut :

  • Le rejet d’une Charte des droits;
  • Aucune clause concernant l’éducation en langue minoritaire;
  • Aucun droit concernant la libre circulation;
  • Un plus grand contrôle provincial sur les ressources naturelles;

Sans surprise, L’Accord d'avril est rapidement rejeté par le gouvernement fédéral.

Trudeau, 1980
03_chief_justice_bora_laskin3894081_CP.jpg Le juge en chef de la Cour Suprême, Bora Laskin, lit la décision de la Cour sur les propositions constitutionnelles du gouvernement fédéral, le 28 septembre 1981

La Cour suprême rend une décision partagée

Le 28 septembre 1981, la Cour suprême rend sa décision: le rapatriement Processus visant à amener l'Acte de l'Amérique du Nord britannique de 1867 – la Constitution du Canada – sous le contrôle total du Canada, plutôt que de le conserver comme une loi du Parlement britannique. Après des décennies d'efforts, le rapatriement s'est conclu par l’adoption en 1982 de l’Acte de la Grande-Bretagne au Canada et de la Loi constitutionnelle, qui prévoient notamment un moyen de modifier la Constitution au Canada. La nouvelle Constitution n'a pas été ratifiée par le gouvernement du Québec. unilatéral de la Constitution par le gouvernement fédéral est légal. Cependant, la résolution contrarie les conventions constitutionnelles élaborées au Canada au fil du temps qui veulent que les provinces soient consultées. Elle suggère qu’un consentement « substantiel » des provinces serait souhaitable. Mais la signification précise de cette décision reste floue.  

Trudeau estime que les juges ont en fait inventé une convention de consentement substantiel qui n'a jamais existé. Mais étant donné la décision, il accepte de tenir une dernière conférence constitutionnelle en novembre pour voir si un accord peut être conclu. Il suppose à ce moment que la « bande des huit » Les huit premiers ministres provinciaux qui se sont opposés, aussi bien politiquement que légalement, au projet de rapatriement de la Constitution canadienne de Pierre Trudeau en 1980-81. Ce groupe réunit toutes les provinces à l’exception de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick. La Nouvelle-Écosse et la Saskatchewan seront les dernières à se joindre à ce qui était initialement la « Bande des six ». bloquera un accord, et qu’il pourra alors se tourner vers la population canadienne pour solliciter son approbation par référendum Vote populaire (civique, provincial ou national) sur une proposition ou une question. Le rapatriement de la Constitution est devenu plus urgent après le référendum de 1980 sur la souveraineté au Québec. Pierre Trudeau, et d'autres personnalités de l’époque, ont proposé différents référendums nationaux pour résoudre des questions constitutionnelles. .

Edward Goldenberg, conseiller constitutionnel spécial auprès du ministre de la Justice, 1980-1982

Prêt à se battre

Les enjeux de cette dernière rencontre sont considérables. Les premiers ministres Dirigeants des partis au pouvoir au sein des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, dont le premier ministre du Canada et les premiers ministres provinciaux et territoriaux. Le Canada compte quatorze premiers ministres. savent que s'ils ne parviennent pas à un accord, Trudeau, avec le soutien de la Cour suprême, procédera unilatéralement. En novembre 1981, lors de la conférence sur le Processus visant à amener l'Acte de l'Amérique du Nord britannique de 1867 – la Constitution du Canada – sous le contrôle total du Canada, plutôt que de le conserver comme une loi du Parlement britannique. Après des décennies d'efforts, le rapatriement s'est conclu par l’adoption en 1982 de l’Acte de la Grande-Bretagne au Canada et de la Loi constitutionnelle, qui prévoient notamment un moyen de modifier la Constitution au Canada. La nouvelle Constitution n'a pas été ratifiée par le gouvernement du Québec. rapatriement Processus visant à amener l'Acte de l'Amérique du Nord britannique de 1867 – la Constitution du Canada – sous le contrôle total du Canada, plutôt que de le conserver comme une loi du Parlement britannique. Après des décennies d'efforts, le rapatriement s'est conclu par l’adoption en 1982 de l’Acte de la Grande-Bretagne au Canada et de la Loi constitutionnelle, qui prévoient notamment un moyen de modifier la Constitution au Canada. La nouvelle Constitution n'a pas été ratifiée par le gouvernement du Québec. , la plupart des membres de la « bande des huit » Les huit premiers ministres provinciaux qui se sont opposés, aussi bien politiquement que légalement, au projet de rapatriement de la Constitution canadienne de Pierre Trudeau en 1980-81. Ce groupe réunit toutes les provinces à l’exception de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick. La Nouvelle-Écosse et la Saskatchewan seront les dernières à se joindre à ce qui était initialement la « Bande des six ». ont la certitude de pouvoir bloquer Trudeau. Cependant, les membres modérés comme la Colombie-Britannique et la Saskatchewan s’engagent dans des pourparlers confidentiels avec l'Ontario. Les grandes lignes d'un nouvel accord constitutionnel commencent à prendre forme.

Bill Bennett, Pierre Trudeau et Allan Blakeney, aux alentours de 1981
07_lougheed_levesque_davis_bennett_handshake_03263364_CP.jpg René Lévesque, Bill Davis et Bill Bennett accueillent Peter Lougheed, 1980

La conférence sur le rapatriement Processus visant à amener l'Acte de l'Amérique du Nord britannique de 1867 – la Constitution du Canada – sous le contrôle total du Canada, plutôt que de le conserver comme une loi du Parlement britannique. Après des décennies d'efforts, le rapatriement s'est conclu par l’adoption en 1982 de l’Acte de la Grande-Bretagne au Canada et de la Loi constitutionnelle, qui prévoient notamment un moyen de modifier la Constitution au Canada. La nouvelle Constitution n'a pas été ratifiée par le gouvernement du Québec. a lieu du 2 au 5 novembre 1981 et se montre difficile. Juste avant 10 h le premier jour, les premiers ministres font des déclarations télévisées à travers le pays. Chacun d’entre eux présente une position ferme tout en faisant preuve d’une certaine souplesse. Les séances suivant les déclarations préliminaires aux médias se déroulent dans une salle de conférence de plus petite taille, à l’écart des caméras. Seuls quelques conseillers sélectionnés sont autorisés à y assister. À la fin du troisième jour, aucun accord n’a encore été conclu. Cependant, des événements se produiront après cette soirée et le jour suivant qui changeront à jamais le Canada.

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Chronologie

Avant 1981

Pendant près de 115 ans, la Constitution canadienne a consisté en une loi provenant du Parlement britannique (l’Acte de l'Amérique du Nord britannique, ou « l’Acte de l’ANB »), ce qui reflétait son passé colonial.

Introduction

Avant 1981

1700-1867

Avant la Constitution: l'établissement de traités

1867

L'Acte de l'ANB

1919-1960

à la recherche de l'indépendance

Les révolutions tranquilles

Les années 60

1967-1976

La peur de la séparation

1976-1980

entre attraction et répulsion

1980-1981

La pression s’intensifie

Avril-Octobre 1981

Le décor est planté

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